Tu fais quoi dans la vie ?

Il est de plus en plus difficile de répondre à cette question, tant nos parcours s’éloignent de la voie royale de nos aînés. En effet, il y a encore peu, obtenir un diplôme permettait d’annoncer un métier que l’on exerçait jusqu’à la retraite. On quittait les études en étant maçon, ingénieur ou comptable. Aujourd’hui, questionnez un peu votre entourage et constatez combien occupent encore un poste correspondant à leur formation initiale. Certainement pas tant que ça.

L’évolution professionnelle est une réalité (de vendeur, on peut passer à responsable du SAV pour finir à la direction commerciale) ; la reconversion en est une autre grâce aux facilités financières données par le CPF et les diverses aides régionales ou nationales. Alors le chemin tout tracé est devenu une illusion pour les jeunes générations comme celles qui ont quelques années de bouteille.

Et puis en 2008, nos dirigeants ont voulu développer l’entrepreneuriat. En facilitant les démarches de la création d’entreprise, de nombreux salariés ont franchi le pas pour se mettre à leur compte, avec plus ou moins de réussite d’ailleurs. Le statut de microentreprise (ex-autoentreprise) en a fait rêver plus d’un et a poussé de nombreuses personnes à créer leur propre emploi, souvent fort éloigné de leur formation de base. Là aussi, les lignes droites se sont courbées.

Pour toutes raisons, nos parcours professionnels deviennent atypiques. Un professeur des écoles se reconvertit en paysagiste ou un boulanger initialement courtier en assurances décide d’ouvrir un espace de coworking. Il y a même les slasheurs, ces professionnels qui exercent deux métiers. Le classique « serveur-comédien » ou moins convenu « secrétaire-animateur ».

Toutes ces évolutions font que les travailleurs, souvent indépendants, ont de plus en plus de mal à trouver les mots pour se définir. La question « tu fais quoi dans la vie ? » devient une épine dans le pied et beaucoup d’énergie est dépensée pour trouver la bonne étiquette à poser sur le profil des réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn : ni trop classique pour sortir du lot, ni trop exubérante pour éviter de perdre toute crédibilité. Pas trop large au risque de ne parler à personne et pas trop précise pour ne pas tirer un trait sur de nombreuses années professionnelles.

Alors comment fait-on ? Voici quatre pistes à explorer.

Piste n°1 : oublions d’être, faisons !

Et si à la question « tu fais quoi dans la vie ? », au lieu de commencer par « je suis », on proposait une description ce que nous faisons en adaptant notre discours au destinataire et à la situation (c’est tout de même la base de la communication !). Le but est alors de choisir des mots simples qui vont créer une réalité dans l’esprit de notre interlocuteur, un peu comme si l’on effectuait une recherche de mots-clefs pour améliorer son référencement.

Ainsi, selon le contexte, je vais annoncer que j’anime des ateliers de développement personnel, que je dispense des formations en expression et communication professionnelle ou que je propose des séances de coaching individuel en visio.

Piste n°2 : utilisons une technique de pitch

On peut par exemple appliquer le canevas proposé par Stan Leloup à savoir « j’aide … [QUI : précis voire ultra précis] à … [QUOI : en mode solution à votre problème] grâce à… [COMMENT : un outil pour susciter la curiosité] ».

Si j’applique cette formule à ma situation, ça donne : j’aide les travailleurs indépendants qui se sentent bloqués intérieurement à faire sauter leurs croyances limitantes grâce un travail sur et avec les mots.

Piste n°3 : sollicitons un professionnel de la rédaction

Lorsque l’idée de parler de soi ou de son activité est difficile non pas par rapport au contenu, mais plutôt vis-à-vis de la mise en mots, on peut faire appel à un professionnel de la rédaction comme Anne-Lise Bouchut. Le storytelling (une technique de narration) et le pitch sont deux de ses spécialités et en quelques heures vous aurez rodé votre discours !

Piste n°4 : utilisons l’imagination

La dernière piste est sans doute la moins conventionnelle (au sens marketing du terme). Elle consiste à imager votre réponse, voire à utiliser des métaphores pour parler de ce que vous faites.

Personnellement, j’aime bien cette dernière option. Ainsi, quand je dois expliquer ce que je fais dans la vie, soit je reste évasive avec une réponse du type « je travaille avec et sur les mots », soit je lance un…

Avec moi, on tourne la page,
on met les choses à plat,
on commence à écrire un nouveau chapitre de sa vie
ou on agrandit la page…
dans tous les cas, on avance !