Aujourd’hui, dernier article du défi… j’avais prévu de vous mentir !
Je comptais écrire sur Delphine de Vigan comme s’il s’agissait d’une source d’inspiration. Or, je ne connais cette romancière à succès qu’à travers « D’après une histoire vraie ». La qualifier de muse aurait donc été un mensonge. L’honnêteté me rattrapant, je préfère vous expliquer le cheminement qui m’amène à vous parler non pas de cette femme de lettres, mais d’une phrase relevée dans son livre.
Fin janvier, j’ai dressé la liste des créateurs de contenus, artistes, écrivains que je souhaitais mettre en lumière. L’une des catégories initialement prévues concernait les citations. C’est pour cette raison que vous avez lu le texte « 1 vaut mieux que 0 », citation me permettant d’évoquer Fabien Olicard dont je suis le travail. Dans la rubrique « phrases inspirantes », j’avais positionné celle relevée dans l’unique livre en ma possession de Delphine de Vigan.
À chaque fois que je m’apprêtais à écrire un billet, je reprenais ma liste pour déterminer la source d’inspiration à mettre en avant et systématiquement, je tombais sur cette citation que je délaissais, faute de pouvoir vanter les mérites de son auteur. Mais plus les jours passaient et plus j’avais envie de l’utiliser pour mon dernier article. Mon imagination s’est alors mise en route et une partie de moi hurlait :
- Peu importe, t’as qu’à faire une recherche sur Delphine et pondre un topo à la sauce « je ne connais qu’elle ».
- De toute façon, personne ne le sait que tu l’as découverte avec livre trouvé en bas de ton immeuble.
- Et personne n’ira vérifier tes sources !
Ce monologue interne n’a pas duré longtemps. Bien éduquée par mes parents, j’ai fermé le bec à cette petite menteuse et j’ai choisi de procéder autrement : avouer mon mensonge avorté et me servir uniquement des mots de Delphine de Vigan.
Voici donc le véritable article du jour, dernier de ce challenge rédactionnel sur ce et ceux qui m’inspirent :
« Durant des années, une écriture intime, sans filtre, presque quotidienne, m’avait aidée à me connaître, à me construire.
Elle n’avait rien à voir avec la littérature. »
Delphine de Vigan dans « D’après une histoire vraie »
Il me tenait à cœur de terminer ce pari sur une source inépuisable d’inspiration : l’écriture. Mais pas n’importe laquelle, celle de tous les jours, celle qui noircit mes carnets, celle qui éloignée de la littérature, celle proposée par Delphine de Vigan.
Durant ce mois de février, je vous ai partagé de nombreuses anecdotes personnelles. J’ai notamment évoqué mon plus ancien souvenir de lecture autonome. Permettez-moi aujourd’hui de vous parler de ceux liés à ce que l’on nomme l’écriture de soi.
Petite, je vouais une admiration presque sans borne à mon parrain. Un homme au physique de Didier Van Cauweleart que je ne voyais qu’une fois par an, à Noël. Pour maintenir notre lien, dès que j’ai su écrire, il m’avait offert du papier à lettres. Notre correspondance mensuelle durera jusqu’à la fin de l’adolescence. Dans ces courriers sans prétention, je lui donnais des nouvelles de toute la famille. En réponse, il me partageait des bribes de sa vie lyonnaise comme ses balades au Parc de la Tête d’Or où il cherchait à apprivoiser un écureuil. C’était simple et j’adorais ces rendez-vous de papier.
Adolescente, mon besoin d’écrire évolua. Je correspondais toujours avec mon parrain, mais la description de mon quotidien, même enjolivée, ne me satisfaisait plus. En classe de quatrième… bim… je rencontrais Laurence ! Avec celle devenue en un éclair ma meilleure amie, j’échangeais des lettres passionnées dans lesquelles je vomissais mes peines de cœur, mes relations conflictuelles avec des camarades ou des membres de ma famille et surtout, mes états d’âme et mes interrogations sur l’avenir. Bien que nous ayons des conversations quotidiennes – nous étions dans la même classe et elle habitait à trois rues de chez moi – je passais la fin de mes soirées à lire sa missive du jour remise au moment de notre séparation et à rédiger ma réponse.
C’est également à cette période que mon parrain, sentant peut-être mon besoin de distance épistolaire, m’avait offert mon premier journal intime. Un cahier fermé par un cadenas dont le contenu était bien évidemment lu à Laurence et commenté durant des après-midis entières. Quoiqu’il en soit, ce carnet a été ma première expérience de « l’écriture pour soi » puisque même si son contenu était partagé, l’intention initiale était tournée ma lectrice intérieure. Lorsque ma « meilleure amie » a choisi de délaisser notre relation au profit de celle entretenue avec les garçons, les lettres échangées ont disparu et je me suis rabattue sur mon journal intime.
Durant des années, je n’ai écrit que pour moi. « Une écriture intime, sans filtre, presque quotidienne » qui m’a « aidée à me connaître, à me construire » comme l’exprime si bien Delphine de Vigan. Les supports ont évolué et en participant à des ateliers d’écriture, j’ai tenté quelques textes à visée littéraire, sans grand succès. Si j’accorde énormément d’attention aux idées et au choix des mots, la recherche stylistique m’apparait soit une perte de temps soit inaccessible. J’y viendrai peut-être, mais pour le moment, je ne me mets aucune pression quant au contenu de mes carnets. Je suis simplement diariste (auteur d’un journal intime). J’utilise l’expression écrite comme un exutoire, un outil d’introspection, une mémoire externalisée, un support de créativité et un instrument de mon développement personnel.
Si je le pouvais, j’inciterais tout le monde à écrire et à tenir un journal. Je nourris l’idée qu’il y a de la place, en France, pour d’autres propositions que celles en lien avec l’écriture créative. Qu’il n’est pas nécessaire de lire pour écrire et que l’on peut se saisir des mots, les manipuler, les questionner et en jouer sans intention littéraire.
Voilà, #févrierécrit est terminé pour moi. J’ai publié un article tous les deux jours en respectant les consignes initiales. Pari réussi !