Vous souvenez-vous de votre première lecture ? Pas l’imagier ; le mien était sur les animaux de la ferme. Pas le petit livre que l’on vous a lu enfant (moi, c’était « le petit Nicolas » avec ma grande sœur dans le rôle de la lectrice). Pas celui imposé par la maîtresse (une histoire d’hirondelle migratrice dont j’ai oublié le titre). Non. Celui que vous avez choisi de lire durant ou juste après votre CP.
J’aime poser cette question à ceux que je croise lorsque la conversation tourne autour des bouquins. Parce que je suis convaincue que les premières lectures participent à la construction de la personnalité de chacun.
Pour ma part, j’ai une image très précise de ma première rencontre autonome avec un livre. Nous sommes au tout début des années 80. C’est l’été. Les grandes vacances s’étirent. Je suis dans la chambre de mes parents et je demande à ma mère de m’écouter lire afin de m’aider à déchiffrer les mots difficiles. Entre mes mains, la couverture cornée de « sept histoires de souris ». C’est non seulement ma première lecture de grande, mais c’est aussi mon premier livre à moi. Pas celui hérité de ma sœur, de l’un de mes frères ou emprunté à la bibliothèque. Non. C’est MON livre !
Il y a quelques mois, je me suis procuré ce recueil de nouvelles, écrit par Arnold Lobel et toujours publié dans la collection Mouche de l’École des Loisirs. Avec mon regard d’adulte, je peux envisager ces historiettes comme des sources d’inspiration qui ont infusé l’esprit de la petite Mylène.
Imaginez une souris prenant son bain sans se soucier de sa consommation d’eau… sans même fermer le robinet en partant, trop concentrée sur son nombril ! Se prélassant dans un lit douillet alors que dehors, c’est la panique à cause de l’inondation qu’elle a causée. Si l’histoire ne pointe pas l’égoïsme de la souris, mais son désir de propreté, elle m’est apparue comme l’image de l’irresponsabilité et de l’égocentrisme. Aujourd’hui encore, ceux qui ne pensent qu’à leur pomme me font monter la moutarde au nez !
Et puis prenez cette maman toute coquette avec son chapeau rond sur la tête, rehaussé d’une jolie fleur. Elle joue avec son souriceau à admirer les nuages. Ils imaginent mille et une formes ouatées jusqu’à ce que l’un d’eux se transforme en un chat gigantesque et fasse peur au petit. Attention, spoiler : jusqu’à la fin de la journée, il n’osera pas regarder en l’air. Je me souviens que cette histoire m’avait impressionnée. Pour la fillette que j’étais, l’imagination semblait posséder d’immenses capacités aussi magnifiques que terrifiantes. En grandissant, j’ai appris à jouer avec cette part créative en y associant les mots et leur pouvoir évocateur.
Alors je l’affirme, choisissez avec soin les lectures de vos progénitures !
Cet article a été rédigé dans le cadre du défi #févrierécrit
Plaisante, cette lecture. Et encore plus rigolo… on ressent beaucoup d’émotion en lisant ce texte.
Pour ma part : « OuiOui au pays des jouets »
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