En 2020 et 2021, le thème « À toute vitesse » a occupé l’esprit des formateurs de culture générale intervenant en BTS. Chacun d’entre nous avons mené une réflexion en dévorant livres, films, playlists et autres supports relatifs à la gestion du temps, les mouvements fast et slow, la lenteur et la rapidité. Mes propres recherches m’ont amenée à adopter un regard distancié sur l’emballement de notre rapport au temps.
Force est de constater que notre société penche plutôt du côté de l’accélération. Tels des enfants gâtés, nous voulons tout, tout de suite. Et ce pseudo sentiment d’urgence est fort bien alimenté par les industriels afin d’écouler des stocks sans cesse renouvelés. Il en va de même pour les produits dématérialisés et les services. Une série ne rencontre pas son public au bout de quelques semaines… Netflix n’en commande pas de nouvelle saison. La guerre des réseaux sociaux est telle qu’Instagram supprime l’IGTV au profit des Réels (plus courts), un copié-collé du modèle de son concurrent TikTok. L’internaute doit consommer davantage et plus vite. Les « start up » naissent et meurent à vitesse grand V pendant que des entreprises implantées sur un marché courent toujours à la recherche du monopole.
C’est cette injonction à la rapidité qui me pousse souvent à vouloir prendre le contrepied de la vitesse. Au fast, je préfère le slow pour savoir où passe mon temps et choisir ce que j’en fais. Mais pour autant, je cède régulièrement aux sirènes de la boulimie de contenus. Suivre l’intégralité d’une saison de « Et tout le monde s’en fout » sur YouTube peut grignoter mes heures sans écran et je suis capable de blinder frénétiquement mon agenda pour programmer un tourbillon d’activités. Il me faut donc toujours veiller à compenser mes nécessaires accélérations par des pauses ou occupations exigeant par définition un étalement dans le temps (la lecture, l’écriture manuscrite, voire calligraphique – c’est plus lent – la contemplation, la marche plutôt que la course à pied, etc.).
Je crois que c’est en cherchant cet équilibre que je suis tombée dans l’univers du podcast. Même si, à l’origine, c’était pour faire passer la pilule du repassage.
Avant, je maniais le fer devant une série, un documentaire ou une émission. Les va-et-vient de mon attention, attirée soit par la planche à repasser soit par l’écran, rallongeaient le temps de cette tâche ménagère. En bonne soumise aux dictats de la vitesse, j’ai donc cherché à optimiser mon temps en supprimant la télé au profit… de l’ennui ! Oui, car si pour certains, ôter les plis des vêtements dans le calme absolu est une activité passionnante, voire méditative avec l’option ASMR de la vapeur ; pour moi, c’est définitivement une corvée.
J’ai bien tenté de remplacer les vidéos par la musique, mais j’avais davantage envie de danser que de faire glisser mon fer. Là aussi, perte de temps assurée. Et puis j’ai commencé à écouter des podcasts. « L’envers de l’assiette » ou « ça peut pas faire de mal » étaient parfaits pour garder un œil attentif sur mon ouvrage, mais il me fallait des épisodes plus longs pour couvrir la totalité du temps consacré aux tâches ménagères. Parce que tant qu’à faire, pourquoi se cantonner au repassage. Et là, j’ai trouvé Génération Do It Yourself !
GDIY est un podcast au cours duquel Matthieu Stefani prend vraiment le temps de recevoir son invité. Chaque audio dure environ deux heures (parfait pour le ménage hebdomadaire !). C’est donc une véritable conversation permettant au convive comme à l’hôte de digresser, de réfléchir à haute voix et pourquoi pas de changer d’idée. La promesse de GDIY est de partir « à la rencontre de celles et ceux qui se sont construits par eux-mêmes ». Je n’écoute pas tous les échanges, mais choisis ceux nourrissant ma curiosité… d’un univers inconnu (Benjamin Netter sur la cybersécurité), d’une personnalité charismatique (Mike Horn) ou d’une entreprise impactante (Lucie Basch de To Good To Go). Sportifs, artistes et surtout entrepreneurs sont invités à dévoiler autre chose que le pitch bien huilé de leur parcours. Et ce n’est pas souvent que l’on tend le micro pendant plus d’une heure à un laveur de carreaux aujourd’hui à la tête d’un groupe de plus d’une dizaine d’agences de nettoyage ou à un champion du monde d’apnée.
Mon équilibre, je l’ai trouvé : faire passer plus vite les corvées tout en ralentissant le zapping médiatique. M’offrir le luxe du temps pour redonner une place à la profondeur des échanges tout en m’activant pour avoir une maison impeccable tous les dimanches !
Cet article a été écrit dans le cadre du défi #févrierécrit