Le texte que vous vous apprêtez à lire est le cinquième d’un pari d’écriture relevé ce mois-ci.
– Mais, ça va pas la tête ? Tu vas pas parler de ça ?
– Ben, pourquoi ? Ça fait quand même plusieurs années maintenant que j’étudie le Tarot. J’te rappelle que j’ai suivi de nombreux programmes de Sylvie ou Margot par exemple. Je me suis penchée sur de divers contenus (en ligne comme dans des bouquins). Et je plonge régulièrement dans l’univers de plusieurs artistes qui renouvellent les visuels comme James R. Eads ou Catrin Welztein.
– Peut-être, mais ils vont quand même te prendre pour une tarée ou une sorte de madame Irma !
– Sauf si j’explique qu’il y a plusieurs courants dans le monde du tarot. Que la divination en est un, mais que ce n’est pas celui qui m’intéresse. Que moi, c’est le tarot introspectif, ludique et psychologie mon truc. Que j’utilise le système Rider Waite et non le tarot de Marseille.
– J’te garantis qu’ils vont rien comprendre.
– Euh… ils sont pas débiles ! Je pense que le tarot, grosso modo, ils voient ce que c’est. Tout du moins le Tarot de Marseille. Le système Rider Waite, c’est un tarot du début du XXe siècle avec toutes les cartes illustrées (je la fais courte, très courte). Quant à la manière dont je l’utilise, si je synthétise mes différentes applications en « le Tarot, pour moi, c’est un support de réflexion et de dialogue »… ils vont piger. Je peux aussi évoquer son côté créatif en prenant l’exemple de Bernard Werber qui propose de s’en servir pour écrire des histoires. On est loin de la boule de cristal là !
– Mouais, j’suis pas convaincue. Ils vont t’imaginer avec les cartes d’un Marseille entre les mains, des bracelets plein les poignets, des ongles à rallonge, un maquillage criard et des foulards multicolores.
– De tout façon, t’arrêtes pas de râler. On dirait la mère La Grogne dans le théâtre de Guignol. Si je t’écoutais, je n’ferai jamais rien. Je me soucierai toujours du qu’en-dira-t-on et finalement, je me bâillonnerai.
– Toi ? Te taire ? Arrêter te t’exprimer ? Cesser de jouer avec les mots ? Impossible ! Tu m’énerves là… fais ce que tu veux !
Ecrire revient parfois à écouter la dispute éclatant à l’intérieur de soi.