Lundi. Cela fait des semaines que je m’interroge sur mon utilisation des réseaux sociaux. Je consomme plus que je ne produis et cela génère de la frustration. Cette nuit, l’idée m’est venue de faire une nouvelle diète en m’éloignant de la médiasphère. Pour m’y tenir, je choisis de l’annoncer publiquement, car c’est bien connu, prendre à témoin autrui est toujours une source de motivation supplémentaire.
Mardi. Je suis tombée dans le panneau de l’attente. À peine l’article posté sur le blog et annoncé sur Insta, LinkedIn et Bouge Ta Boite, je me suis surprise à consulter ces mêmes plateformes, quelques minutes plus tard pour vérifier la présence de réactions ou commentaires.
C’est fou comme les réseaux ont transformé ma manière de penser. Il y a quelques années de cela, j’accordais davantage d’importance au processus qu’au résultat… et cela me convenait tout à fait. La recherche de validation de la part de ceux qui me suivent montre à quel point cela a changé.
Cette posture ne me satisfait pas et je touche ainsi l’une des raisons de mon silence des derniers mois sur les réseaux. À vouloir obtenir une réponse, je m’empêche tout simplement de poster ce qui me passe par la tête ou qui me fait plaisir. Deuxième jour de diète, première prise de conscience… ça promet !
Mercredi. Hier, j’ai passé plus d’une heure au téléphone avec Anne-Lise. Et comme souvent, ou plutôt systématiquement, nous avons évoqué les réseaux et la stratégie éditoriale. C’est son boulot, alors j’aime avoir son point de vue acéré et avisé sur ces questions ! Elle m’a parlé de Kessel Media, une plateforme dont j’ignorais tout et qui a le mérite, entre autres, de ne pas être soumise à la dictature de l’algorithme. Un espace virtuel où l’écrit est à l’honneur. Finalement, ce qui me pèse dans mon rapport aux réseaux, c’est peut-être aussi la débauche d’images et vidéos à tout va, imposées par une intelligence artificielle… Bon, je suis en diète donc je vais reporter l’exploration de Kessel Media à plus tard, mais une graine d’envie a été semée par ma copine.
Jeudi. Toujours la bouche ouverte. Voilà une manière de qualifier une pipelette et ce n’est pas vraiment un compliment. C’est comme le dicton « tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler » ou celle-là : « la parole est d’argent, le silence est d’or ». Je pourrai en sortir bien d’autres des proverbes et expressions françaises vantant les mérites de la sobriété en communication. Pourtant, sur les réseaux, c’est finalement tout le contraire qui s’étale sous nos yeux. Les injonctions tacites sont légion. Il faut poster tous les jours, voire plusieurs fois par jour. Évidemment, la mise en scène est de rigueur, sinon, on n’assure pas le buzz. Tout ça pour faire plaisir à des algorithmes et non à des humains. L’effet engendré est une forme de brouhaha. Je m’en rends d’autant plus compte cette semaine. Le silence médiatique est reposant.
Vendredi. On ne m’a jamais autant parlé des réseaux que depuis que j’ai annoncé ce défi. Il y a ceux qui expriment leur soutien comme si l’épreuve était comparable à une traversée du désert. Ceux, sentencieux, qui jugent l’idée idiote ou irréalisable. Ceux déclarant que j’ai de la chance de pouvoir le faire, car ils estiment en être incapables. Et il y a ceux qui m’envoient des listes de non-événements que j’ai loupés en citant parfois les comptes ou les sites qu’ils ont consultés. Bref, même en sourdine, je ne risque pas de me sentir isolée ou d’avoir l’impression de passer à côté de l’information du siècle !
Samedi. Aujourd’hui, j’ai dû lever une petite ambiguïté parce que l’un d’entre vous m’a reproché de participer au calendrier de l’Avent d’Anne-Lise (oui, encore elle !). Son raisonnement était le suivant :
- Le calendrier est proposé sur Insta ;
- Insta est un réseau social ;
- Tu as annoncé vouloir t’en passer durant une semaine ;
- Y prendre part, c’est perdre ton challenge.
Alors un peu de vocabulaire si vous le permettez. Sourdine ne signifie pas silence. Mon intention était d’atténuer l’envahissement des médias et réseaux dans mon quotidien. J’ai donc continué à me rendre sur les différentes plateformes, une à deux fois par jour (au lieu de près d’une dizaine habituellement) et en visant quelques profils uniquement. Je connais Anne-Lise depuis plus de dix ans. Elle fait partie de ma garde rapprochée, une poignée de personnes à la fois inspirantes et de confiance. Je ne vais pas me priver de ses billets ! Je consulte aussi le profil de Sylvie pour son calendrier de l’Avent à Poudlard et ceux de mes fils, de ma sœur, de mes nièces, etc. Bref, je sélectionne drastiquement.
Et puis ce défi n’a pas pour vocation de gagner ou perdre quelque chose, c’est une semaine d’expérimentation pour observer mon rapport au flot de publications inondant mon téléphone portable.
Dimanche. Je n’ai pas le sentiment d’être passée à côté de l’essentiel cette semaine, bien au contraire. J’ai gardé un contact quotidien avec quelques comptes sur Insta. Cela m’a permis d’en apprécier davantage le contenu et de commenter les publications de manière plus attentive.
M’abstenir de liker ou réagir sur LinkedIn n’a absolument rien changé à ma vie. En revanche, poster un lien vers l’annonce du challenge a boosté mon profil… sans pour autant modifier mon horizon professionnel.
Ignorer les alertes du réseau d’entrepreneurs dont je fais partie a libéré plus de temps que je l’avais imaginé. Des dizaines de publications d’adhérents ou de membres du staff, parfois redondantes, accaparent finalement de nombreuses minutes. Au fil des jours, cela représente des heures !
En conclusion
Avant cette semaine en sourdine médiatique, c’étaient les informations, publications, notifications et tutti quanti qui venaient à moi. Je pouvais alors me sentir submergée ou obligée de suivre le cours des médias et réseaux. J’avais l’impression d’y consacrer une énergie stérile. Je consommais, likais et commentais, sans qu’il y ait réellement de sens à tout ça. Aujourd’hui, il est temps d’inverser la vapeur ! De nombreuses idées se bousculent pour y parvenir. Je vais les accueillir puis en sélectionner une ou deux pour une mise en œuvre pertinente.